avec Miss Psychomot

J’ai interviewé Justine de Psychomot Dubai

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Chaque mois, une psychomot francophone partage son travail au delà des frontières françaises, et c’est au tour de Justine de @psychomot_dubai d’être interviewée.

 

Justine est une professionnelle investie qui a su trouver sa place à Dubai. C’est incroyable quand on sait que certain(e) psychomotricien(ne)s  ont des difficultés à faire valoir leur travail ici, en France. Elle a su partager et promouvoir notre profession auprès de ses patients, ses collègues et ses abonnés.

Active et créative, elle est présente sur plusieurs réseaux sociaux : répond au challenge #instantpsychomot , poste des commentaires et repost les publications des collègues, echange en mp. C’est la collègue sympa et généreuse !

Vraiment, il y a de plus en plus de psychomot sur internet, et il n’est pas facile de se démarquer ni de retenir chacune d’elle. C’est sur qu’avec un pseudo qui évoque Voyage, on peut se rappeler de Justine. Mais vous allez vous en rendre compte par vous même, elle est généreuse, elle a pris le temps pour cet interview afin de partager des informations susceptibles d’intéresser des futurs expatriés à Dubai. De ce fait, dans la semaine, un article sur le sujet sera publié dans la foulée !

 

Installez vous confortablement pour lire et découvrir @Psychomot_Dubai

 

Parles moi de toi, qui es-tu ?

Je suis Justine Videau et mon pseudo est @psychomot_dubai tout simplement parce que je suis une psychomotricienne qui travaille à Dubai depuis septembre 2017 !

Après avoir été diplômée en Juin 2013 de l’Institut de Formation en Psychomotricité de Bordeaux, ville dans laquelle je suis née et j’ai grandi, j’ai décidé de commencer mon aventure professionnelle à Toulon.
J’avais cette envie de « voler de mes propres ailes », et de tenter cette aventure loin de ma famille et de mes repères pour me tester.

Bon et puis, on va pas se le cacher, il est très difficile de trouver un emploi en région bordelaise lorsqu’on a pas d’expérience. L’école de Bordeaux existe depuis très longtemps et les postes autour se sont rempli au fur et à mesure que les étudiants sortaient diplômés. J’ai donc choisi de faire un remplacement de 3 mois à Toulon, et puis un autre, jusqu’à décrocher un CDI et c’est ainsi que suis restée 3 ans dans un centre accueillant des enfants et des adolescents présentant une obésité, avec ou sans trouble du comportement alimentaire.

Au bout d’un certain temps, l’envie d’aventure est revenue et après quelques mois de recherches, d’entretiens … nous (oui bon, parce que cette fois-ci, mon projet d’expatriation ne s’est pas fait en solo !) avons décidé de tenter notre chance à Dubaï !!

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Quel est ton parcours ?

J’ai passé un Bac Scientifique pour ensuite intégrer la Première Année Commune aux Études de Santé, la PACES pour les intimes, car c’est la porte d’entrée de l’école de psychomotricité de Bordeaux. Pendant un an, on est mêlés aux futurs étudiants en médecine, dentaire, sage-femme, kinésithérapie, ergothérapie manipulation radio (et pharmacie maintenant).

C’est à la fin de cette année plutôt difficile (car beaucoup de choses à apprendre !!!) que j’ai obtenu mon concours d’entrée à l’IFP de Bordeaux et que j’ai démarré ma formation.

 

Ou et avec qui exerces tu actuellement ?

J’exerce au CEMEDIPP de Dubaï, dans le pays des Émirats Arabes Unis. Le CEMEDIPP est un centre médico-psycho-pédagogique, créé au Liban et qui a ouvert en septembre 2017 à Dubaï.

Je travaille aux côtés de 3 orthophonistes, de 2 psychologues et nous recevons des patients parlant français, anglais et arabe. Les enfants et les adolescents qui sont accueillis au CEMEDIPP peuvent présenter des troubles des apprentissages, des difficultés développementales, des déficiences intellectuelles ou motrices, des difficultés psychologiques, des troubles du comportement, etc… Nos consultations se font au centre principalement, mais nous nous déplaçons aussi dans les écoles et crèches de la ville ou à domicile.

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Comment organises tu ta semaine de travail ?

Déjà, il faut savoir qu’aux Emirats, la semaine commence le dimanche et se finit le jeudi. Le vendredi, jour de prière, est celui où la majorité des personnes ne travaillent pas. En gros, leur vendredi c’est un peu comme notre dimanche (ça va vous suivez ?). Pour ma part, je travaille le samedi, c’est un jour très demandé pour les consultations comme les enfants ne sont pas à l’école et, en contrepartie, je récupère un jour de repos dans la semaine.

Le matin, je me rends dans les écoles pour les séances ou bien je reçois des jeunes enfants au centre.

L’après-midi, les consultations s’enchainent de 13h à 18h, car les enfants finissent l’école très tôt (entre 13h et 16h suivant leur âge). Une fois par semaine, j’ai un temps administratif pour faire mes comptes rendus et tenir à jour les dossiers des patients.

Mes semaines sont assez chargées avec une moyenne de 42h hebdomadaire de travail. Cependant, ce rythme se ralentit pendant la période du Ramadan et pendant l’été, où la majorité des expatriés rentrent dans leur pays d’origine à cause de la chaleur (44°C à l’ombre !).

 

Quels sont tes loisirs ? T’en inspires-tu durant les séances de psychomot ?

A Dubai, j’ai commencé à faire de la boxe pour mieux gérer mon stress car je n’avais jamais autant travaillé avant (oui on apprécie mieux les lois françaises du travail quand on s’expatrie !) et que je voulais trouver un moyen de garder un équilibre dans mes émotions et de rester en forme.

J’ai très récemment repris l’équitation car c’est le sport qui m’aide à m’évader complètement.

De manière générale, mes loisirs ne sont jamais entrés dans mes séances car je ne souhaite pas « enseigner » une pratique aux enfants et aux adolescents que je rencontre. Personnellement, je ne me sens pas à l’aise avec le fait d’avoir une position éducative et je préfère laisser cette place aux personnes qui y sont formées et/ou qui arrivent à gérer cette double casquette. Par contre, cela me plairait beaucoup de m’associer à un professeur d’équitation ou de danse et de proposer des ateliers de groupe aux jeunes que je rencontre en séance !

 

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Que préfères tu dans ton travail ?

La rencontre ! Tout simplement parce que j’aime les liens relationnels qui se créent avec mes patients et leurs familles !

Ma plus grande satisfaction est de voir un enfant ou un adolescent prendre confiance en lui et de voir ses parents être fiers de lui. Lorsque je démarre un suivi, même s’il s’agit d’une rééducation ciblée comme en écriture par exemple, mon objectif principal est d’aider l’enfant à se sentir mieux dans sa peau et à s’épanouir.

C’est dur à expliquer mais il y a toujours un moment en thérapie où l’enfant oublie ses difficultés, ses troubles ou son handicap, à tel point qu’il nous les fait oublier à nous aussi, pour juste profiter de ces temps de jeux et prendre du plaisir dans une activité !

Haha je me sens tellement Bisounours en écrivant cela, mais c’est vraiment pour ces moments que je fais ce métier 😉

 

Peux-tu nous confier sur ce que tu aimes moins dans ton travail ? 

J’ai vraiment beaucoup de mal à répondre à cette question car pour moi il n’y a pas vraiment de points négatifs à être psychomotricienne… Certes, il y a des séances plus difficiles que d’autre ou encore des freins extérieurs qu’on ne peut pas maîtriser et qui viennent gêner la progression d’un enfant. Mais tout cela je l’accepte facilement car je sais que ça fait partie de la thérapie.

En général, mes frustrations professionnelles viennent des difficultés que j’ai pu rencontrer comme le manque de temps pour « penser ma pratique » ou rédiger mes comptes rendus, les erreurs d’organisation, le manque de communication entre les parents-enseignants-professionnels, etc… J’ai un côté perfectionniste dans ma personnalité donc je repère souvent les difficultés qui existent au sein des centres/institutions.

Cependant, après avoir intégré plusieurs équipes, j’ai compris que l’institution idéale n’existait pas et que même si je travaillais en libéral, il y aurait toujours des imperfections ! De cette manière, j’essaye de relativiser et je me sers de ma capacité à « facilement remettre les choses en question » pour essayer d’améliorer ma pratique.

 

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Quelles sont les qualités que tu estimes nécessaires pour être un super psychomot ?

Aimer les gens !

Haha c’est pour moi la seule qualité nécessaire et indispensable pour être un super psychomot ! Quand on fait ce métier, on ne peut pas faire les choses seul dans son coin car nouer des relations est au cœur de notre pratique.

Après, il me semble que c’est bien d’être ouvert, créatif, dynamique, observateur et bien dans sa peau !

 

Comment envisages tu le métier d’ici quelques années ?

Je suis personnellement pour le passage de la formation de psychomotricien en niveau Master afin d’asseoir notre métier au niveau international et s’ouvrir davantage à la recherche.

J’espère également qu’un jour on ne me demande plus ce que c’est que d’être « psychomotricienne » quand j’annonce que je fais ce métier en rencontrant une nouvelle personne.

Mon départ à l’étranger m’a révélé les failles qui existent dans la promotion de notre métier, sa connaissance et compréhension au niveau mondial. Du coup, je m’interroge régulièrement sur le devenir de notre métier si notre système de santé venait à glisser sur le modèle anglo-saxon.

Dans ce modèle, notre métier est très proche de celui des Pediatric Occupational Therapist, or ce métier est traduit comme étant « ergothérapeute » en français. Si une réorganisation de notre système de santé arrivait, il serait important de redéfinir clairement les deux métiers, ou bien de les fusionner afin d’éviter les confusions. Pour cela, il faudrait que les connaissances des psychomotriciens s’élargissent du côté des neurosciences, et celles des ergothérapeutes du côté de la psychologie développementale.

D’un côté, je pense qu’il est bien de garder la spécificité du modèle français et de le défendre, mais d’un autre je me rends compte que cela peut nous fermer des portes si on souhaite travailler à l’étranger ou bien faire des formations. Je vis personnellement cette situation car j’ai pu faire la formation sur l’Intégration Sensorielle en étant à Dubaï (et qui complète parfaitement mon métier de psychomot’), mais elle ne m’aurait pas été accessible si j’avais été en France à cause d’une traduction hâtive « OT = Ergo ».

https://www.instagram.com/p/BtlZpz5AEah/?utm_source=ig_share_sheet&igshid=40tb4azpy8sc

 

Quels sont les impacts de la psychomotricité sur ta vie ? Qu’est ce qui a changé en toi ? 

La psychomotricité m’a permis d’avoir davantage confiance en moi car j’ai vraiment eu l’impression d’avoir trouvé le métier qui correspondait à la personne que je suis intérieurement. J’ai plus de facilités à comprendre les gens autour de moi et surtout je me sens utile !

Jamais je ne rentrerai du travail en disant à mon compagnon « ça va c’était une journée comme les autres », il y a toujours des beaux moments de partage, des rires, des imprévus. Grâce à ce métier, j’ai l’impression que je ne m’ennuierai jamais et que j’apprendrai tous les jours de ma vie !

 

Raconte-moi un de tes plus beaux moments comme psychomot ?

J’hésite vraiment entre deux moments… Bon, il y en a un qui est raconté dans mon mémoire de fin d’études qui se trouve sur internet donc je ne vais pas le reprendre ici.

C’est celui d’une petite fille qui s’est ouverte à moi après plusieurs mois de séances. Un instant qui représente pour moi le passage de la Justine-étudiante à la Justine-psychomot.

Il y a aussi eu le jour où, en stage encore, j’ai proposé une chaise à un enfant en fauteuil roulant électrique pour venir partager un jeu autour de la table ! *blonde* Bien sûr il a adoré et tous les participants du groupe ont rigolé. Un moment à priori ridicule mais qui a traduit le fait qu’un enfant avait pu me faire totalement oublier son handicap. Pour moi, ce moment représente tellement bien le fait que petit à petit, au cours des séances de psychomotricité, j’arrive à voir ce qu’est vraiment la personne au fond d’elle. Au final, le handicap ou les troubles passent toujours après la personne, son caractère et sa personnalité.

Les autres beaux moments pour moi ce sont les premières rencontres lors des bilans, les fins de suivi quand l’enfant a progressé, le départ d’une institution et le fait de dire « au-revoir », le dernier jour de ma stagiaire et son évolution, etc…

 

https://www.instagram.com/p/Bu81NO1Asf3/?utm_source=ig_share_sheet&igshid=15vnsg6311t90

 

Enfin, comment as-tu découvert MissPsychomot ? Qu’est-ce que tu apprécies le plus sur le blog ou sur Instagram ? 

Sur Facebook, c’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai commencé à vouloir créer ma page pour informer les gens sur la pratique de mon métier à Dubaï !

J’apprécie vraiment les articles qui sont faits sur les jeux. Comme je suis à l’étranger, j’ai peu de contacts avec les psychomot’ autour de moi, donc peu d’occasion d’avoir de nouvelles idées d’activités et de jeux. J’utilise donc énormément Instagram pour renouveler mon stock d’activités et améliorer mes interventions en rééducation.

Depuis que le #instantpsychomot a été créé, je suis comblée car plus d’une dizaine de psychomot’ partagent leurs idées sur un thème commun !


Un énorme merci pour sa participation, j’ai hâte que vous lisiez son article sur la perception de la psychomotricité à Dubai, entre la vision anglo saxonne et latine de notre métier. Il y a de quoi être perdu !

Pour découvrir sa page Instagram c’est par ici

 

 

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