Le mois dernier, lorsque j’ai publié en story des photos de toilettes dans une école maternelle, ces dernières ont suscité plusieurs réactions dont l’état de surprise (avec des smiley #horreur #choc #nooo ) et d’indignation face à « l’absence d’intimité ».
Lieu totalement ouvert, sans porte cloison, dans un lieu de passage séparé par un petit muret, certaines abonnées* pouvaient « comprendre » (#empathie pour les professionnelles accompagnantes dont la surveillance d’une vingtaine d’enfant et + est nécessaire) jusqu’à un certain niveau … Parce qu’en école maternelle, sont certes accueillis les petites sections, des enfants de 3 ans qui ne sont pas encore totalement autonome dans leur continence (c’est OK) mais aussi des enfants de 5 voire 6 ans de grandes sections. Et là, je ne m’attendais pas à recevoir autant de témoignages en MP ( #messagerieprivée ) de femmes adultes sur leur expérience d’enfant et les conséquences sur la suite de leur vie.
Le syndrome de la princesse
Remis en avant ce printemps avec cet article du Parisien ou bien sur les réseaux sociaux, le syndrome de la princesse fait référence au « poop shaming ». Ce qui est encore plus drôle (ironie), c’est que même la transcription efface le terme « caca » pour remplacer par « syndrome de la princesse » …
Mais jusqu’où le sujet du pipi caca sera tabou ?
Et encore, supposons que nous gardons le terme anglophone Poop Shaming car parler anglais, c’est IN mais là aussi, on supprime de nouveau le vrai sujet qui est La HONTE DE FAIRE CACA.
Enfin, dernier concept que j’ai découvert : la parcoprésie qui se définit comme la « rétention fécale psychogène » … je décortique pour vous, il s’agit du fait de se retenir de faire caca dont l’origine est purement psychique ou bien l’incapacité de déféquer sans un certain niveau d’intimité.
Fait surprenant : cela n’arrive pas qu’à l’extérieur mais aussi chez soi, lorsqu’il y a quelqu’un par exemple (notre romantic date ou non).
Quel est le lien entre les toilettes maternelles et la parcoprésie ?
L’enquete menée par l’ifop traite du rapport à l’action d’aller à la selle au présent, à l’âge adulte, la différence de genre et ses différentes manifestations : quand, qui, comment cela s’observe etc.
Il serait aussi très intéressant d’approfondir les origines, qu’elles soient d’ordre de l’éducation (les filles font des cacas paillettes qui sentent la rose sinon rien), sociétales et/ou psycho-traumatique. Je pèse mes mots.
Durant mon travail d’écriture pour le livre l’hygiène naturelle infantile, j’ai eu l’occasion d’interroger des enfants d’âge primaire (entre 6 et 11 ans) qui me disaient préférer se retenir que d’aller à la selle à l’école.
Dois-je préciser les risques ? Je pensais jusque là seulement à la constipation qui serait une conséquence physiologique d’un besoin non écouté, car j’ignorais qu’il y avait un « nom » à ce phénomène psychique et physique et encore moins que cela concernerait les « petites princesses » … autrement dit les enfants. Même constat chez les adolescents. Idem chez les adultes en étude supérieur. Et ainsi de suite, à l’âge adulte dans un milieu professionnel, au sein d’un foyer etc.
La honte à tout âge a bien commencé à un moment …
Quand un enfant est suffisamment grand et à l’aise pour en parler, mais aussi parce qu’à ce moment de sa vie, il a enfin le « choix » qui se manifeste à travers une meilleure maitrise de son besoin d’élimination (mais dois-je rappeler que se retenir n’est pas la réponse que le corps attend, il cherche à se relâcher et vider ?), il est en mesure d’anticiper le retour à la maison et de verbaliser ce qui ne lui plait pas comme le manque d’intimité qui peut s’accompagner de moquerie en lien avec les bruits, les odeurs ou le temps passé assis aux toilettes.
Mais lorsqu’un enfant est un peu plus jeune, que de toute façon, il partage les toilettes avec d’autres enfants sans porte ni murs parfois (au moins une cloison), que peut-il faire ? Se retenir ? En parler ?
Quand le sujet de l’intimité ne concerne pas les enfants …
Comme dit plus haut, la question de l’intimité des enfants a été soulevée suite à cette story. Ce que j’ai constaté aussi, c’est que selon le point de vue, la compréhension (ou plutôt la tolérance) variait.
Quand la personne se positionnait comme professionnelle, elle pouvait justifier cette absence d’intimité au détriment de la sécurité (ce qui est OK) parfois certaines pouvaient aller plus loin jusqu’à la négation de l’intimité d’un jeune enfant en minimisant +++ Mais quand est rappelé l’âge d’un enfant de maternelle qui ne s’arrête pas à 3 ou 4 ans mais jusqu’à 6 ans pour certains, la frontière sur l’intimité devenait floue et ce genre de disposition paraissait moins acceptable. De plus, en précisant que la majorité des parents veulent inculquer l’intimité lors du besoin d’élimination, même à l’extérieur en urgence, généralement, l’enfant est plutôt invité à faire ses besoins à l’écart et l’abris des regards, ce dernier se retrouve entre deux visions totalement différente vis à vis de son propre corps et fonctions naturelles : maison / école. L’écart a de quoi troubler l’enfant.
Enfin, dernière interrogation pour conclure cet article qui n’est que le fruit de ma réflexion personnelle.
Quels sont les impacts sur le développement psychomoteur des enfants ? La parcoprésie peut-elle concerner les enfants (ou uniquement les adultes) ?
C’est presque un appel à candidature pour les étudiants en psychomotricité pour un éventuel sujet de mémoire de fin d’année, non ?
Pour en savoir plus sur le sujet du poop shaming, je vous recommande l’étude de l’ifop à lire ici dont les infographies sont riches d’information.
*Soyons transparentes, la majorité des lectrices qui ont répondu à la boite à question sont des femmes.